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La danse des cinq elements
Aux origines du Souffle
Il y a plus de trois mille ans, dans les vallées fertiles du Fleuve Jaune, les sages observaient le ciel, la terre, les animaux, et le battement du cœur humain. Ils comprenaient déjà que la vie n’est pas une série d’événements isolés, mais un réseau vibrant de relations et d’interactions. C’est ainsi qu’est née la théorie des Cinq Éléments — Bois, Feu, Terre, Métal et Eau — , un langage poétique, philosophique et médical pour décrire les dynamiques de l’Univers.
Ces éléments ne sont pas des matières, mais des mouvements, des transformations. Ils représentent des phases de mutation du Qi, l’énergie vitale, toujours en mouvement, toujours reliée au Dao, la voie naturelle de l’univers.
Le matin du monde

Le Bois c’est la naissance, l’élan, la croissance. Il est le printemps qui perce la glace, l’enfant qui découvre le monde. Son mouvement est expansif, il pousse vers l’extérieur, vers le haut. C’est l’arbre qui fend la roche, la volonté de vivre.
Le Bois est l’aspiration dans la tradition spirituelle. Il symbolise la vision – non seulement celle des yeux, mais celle du cœur. Il inspire les artistes, les inventeurs, les pionniers.
Aujourd’hui, on retrouve l’élément Bois chez l’entrepreneur créatif, le militant qui rêve d’un monde meilleur, ou dans l’adolescent en quête d’identité. Mais quand le Bois est déséquilibré, il devient colère, frustration, rigidité qui prennent naissance dans le foie et la vésicule biliaire.

Le Feu est associé au paroxisme : l’été pour les saisons, la maturité de l’adulte accompli, l’éclat du jour au zénith. On parle d’’amour, de joie ou de chaleur humaine.
Le Feu brûle au centre de notre poitrine dans le Cœur, l’empereur des organes selon la médecine chinoise. Il gouverne aussi l’Intestin Grêle, le Maître du Cœur et le Triple Réchauffeur.
Mais le Feu c’est aussi l’ouverture, la générosité, la communication sincère, la capacité à aimer sans possession. C’est le rire d’un enfant, la flamme d’un moine en prière, le feu d’un chamane en transe.
Lorsque le Feu est déséquilibré il devient surexcitation, agitation et peut générer de l’insomnie. Dans notre monde contemporain, saturé de stimulations numériques, le Feu est souvent en excès, alimenté par un besoin compulsif d’attention et de gratification.
L’ancrage a la mère
La Terre est le centre autour duquel s’articule la vie. C’est la fin de l’été, la période de moisson. Organiquement, elle régit la Rate et l’Estomac, les organes de la digestion, qu’il s’agisse d’aliments, mais aussi d’émotions et d’idées.
La Terre symbolise la stabilité, l’accueil, la confiance. C’est l’énergie de la mère nourricière, ou du sage assis en contemplation dans un champ. Elle incarne l’écoute, le soin, le recentrage sur la vie intérieure. Lorsque cette tranquilité est troublée, l’individu est en proie à la rumination mentale, au surcontrôle, à l’inquiétude chronique ou à l’anxiété.

Dans une époque de dispersion, la Terre est le rappel à la simplicité, à la présence. Contraste choquant : le manque de Terre se manifeste par l’exil intérieur ; les corps sont nourris, mais les esprits affamés.
Le souffle du détachement
Le Métal correspond à l’automne, à la chute des feuilles, à la vieillesse, au retour à l’essentiel. Il est associé aux Poumons et au Gros Intestin, maîtres du rythme et de l’élimination. Il enseigne l’art du lâcher-prise, la beauté du silence, la noblesse de l’impermanence.
Dans le Métal, il y a la discipline du moine, la droiture du samouraï, la poésie du vide. C’est l’élément de la respiration — inspiration de la vie, expiration de la mort. Il sait reconnaître la valeur des choses et se détache naturellemnt de l’inutile.

Dans une civilisation de consommation, retrouver le Métal, c’est apprendre à dire « non », à honorer les deuils et à purifier son espace intérieur. Quand le Métal est bloqué, apparaissent la tristesse, la mélancolie et la difficulté à tourner la page.

Profondeur et invisibilite
Enfin, l’eau correspond à l’hiver, à la nuit, au rêve, à la mort. Elle gouverne les Reins et la Vessie, les gardiens de notre énergie ancestrale. C’est la force du Yin, du silence, du mystère.
Elle est la mémoire du monde, la sagesse qui sommeille en chacun. Elle est la rivière souterraine de nos intuitions, la peur qui protège, la sexualité profonde, la gestation. Spirituellement, l’Eau incarne la confiance absolue dans le flux du Dao, l’humilité face à l’inconnu.
C’est l’énergie des ermites, des chamans, des enfants en méditation spontanée. Malheureusement, dans notre monde effréné, la peur chronique, l’épuisement, le vide existentiel traduisent un manque d’energie Eau. Mais quand elle coule librement, l’Eau guérit. Elle relie les générations, transmet l’essence même de la vie.
Ces cinq éléments interragissent perpétuellement entre eux, l’équilibre de l’un se répercutant sur les autres. Ces interrelations ont été modélisées par la MTC (voir ci-dessous).0pxAinsi, la théorie des cinq éléments est utilisée par le médecin chinois pour diagnostiquer et traiter son patient.
Le principe est toujours de restaurer l’équilibre global en agissant sur les éléments en déséquilibre. Les maîtres de Feng Shui utilisent également les Cinq éléments pour équilibrer l’énergie des lieux de vie.
La dynamique des 5 éléments

L’équilibre des Cinq éléments repose sur les interactions décrites par les deux cycles suivants : le cycle d’engendrement et le cycle de contrôle.
Le cycle d’engendrement (ou cycle de création) illustre une relation de nutrition et de soutien mutuel. Chaque élément engendre le suivant : le Bois nourrit le Feu, le Feu crée la Terre (cendres), la Terre porte le Métal (minéraux), le Métal engendre l’Eau (condensation), et l’Eau nourrit le Bois. C’est un cycle harmonieux qui assure un flux continu d’énergie.
Le cycle de contrôle (ou cycle de domination) décrit une relation de régulation et de limitation. Chaque élément en contrôle un autre : le Bois contrôle la Terre (racines retenant le sol), la Terre contrôle l’Eau (digues), l’Eau contrôle le Feu (il l’éteint), le Feu contrôle le Métal (il le fond), et le Métal contrôle le Bois (la hache coupe le bois). Ce cycle maintient l’équilibre en empêchant un élément de devenir dominant.
Ces deux cycles permettent de comprendre la dynamique des cinq éléments et leurs interrelations au sein du corps et de l’environnement.
ll existe également deux cycles pathologiques correspondant à des déséquilibres importants.
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