Être bon et compatissant a un effet bénéfique sur le cœur
A l’heure où le matérialisme et l’égocentrisme ont mis à mal l’humanité, il est peut-être temps de renouer avec les valeurs qui font de nous un humain. Parmi celles-ci, la bonté et la compassion sont naturelles à l’Homme ; qui plus est leur pratique a un impact favorable sur notre santé. Alors pourquoi nous en priver ?
Avant d’explorer plus en détail cette hypothèse, prenons le temps d’étudier nos émotions et plus particulièrement celle qui émane du cœur : la joie.
Selon la Médecine chinoise (MTC) et sa théorie des Cinq éléments, la joie est l’émotion associée au cœur. La MTC a également identifié le cœur comme étant le siège du Shén, « la lumière transcendante qui se montre aux hommes », que l’on peut traduire de façon simple par esprit.
Le coeur est le miroir de notre état psychologique et émotionnel. Un Homme dont le cœur est fort est serein, franc du regard. Il est clair dans sa parole et juste dans son jugement. Son teint est lumineux car le teint est le reflet du cœur. A l’inverse si le Shén est déficient ou perturbé, le cœur sera impacté directement. Dans ce cas, toute émotion vécue avec excès pourra blesser le cœur et entraîner de la confusion ou une difficulté à s’exprimer de façon claire.
De même, une personne dont le Shén est déficient risque de ne pas exploiter son potentiel par manque de discernement et/ou par manque de joie.
« Le Cœur est le centre vital, il symbolise le soi, le soleil spirituel en l’homme. Ce centre est transcendant à l’homme. Ce par quoi ce centre transcendant va se faire connaître à l’homme, l’âme ou rayon émané du soleil » selon d’anciens textes des maîtres chinois.
Le Coeur est vulnérable aux excès émotionnels
De fait, les émotions sollicitent systématiquement le Foie et le Cœur. Le Hun (entité ou conscience du foie) est le bouclier de l’organisme, il gouverne par le Foie la décongestion et le drainage. Il est ainsi en première ligne pour recevoir les émotions perturbatrices externes. Par sa fonction de drainage, il est là pour faciliter l’élimination des sentiments déréglés. En effet, les émotions sont une forme de Qi raffiné. Le Qi et le Sang étant interdépendants, si le Sang du cœur est suffisant, l’activité mentale sera aiguisée et claire. Si le Sang du Foie est abondant, alors le Shén sera calme.
Nous comprenons des lors que le Shén, au travers du Cœur, représente la synthèse de la vie psychoaffective. Il gouverne l’ensemble des autres organes dans leur dimension spirituelle. En conséquence, le cœur est particulièrement vulnérable.
Il est donc important d’apprendre à gérer le flux de ses émotions pour en éviter les excès afin de protéger notre cœur. En effet, celui-ci est considéré par la Médecine chinoise comme l’Empereur des organes. Nous pourrons également préserver notre cœur en nourrissant de bons sentiments envers nous-même et envers les autres. Car la bonté et la compassion nourrissent le cœur. Or un « bon cœur » est source de bonne santé.
« Soyez bons et compatissants » n’est pas un précepte religieux ou philosophique, mais une recommandation des vieux maîtres chinois pour cultiver un esprit tranquille.
La recherche nous livre ses résultats
En parallèle à la médecine chinoise, la science s’est elle aussi régulièrement intéressée aux liens entre les sentiments altruistes, la générosité ou la bonté, et la santé humaine. Voici quelques unes des études qui ont été menées autour de ce sujet.
- Le Dr Katherine Nielson-Coffey démontre en 2016 l’impact des actes de bonté sur notre santé. Avec son équipe, elle étudie la différence d’effet entre des actes prosociaux (ramasser des déchets, offrir un café à un inconnu, ouvrir la porte etc.) et des actes axés sur soi-même (prendre un bain chaud, se faire du bien). Le premier groupe, qui pratiquait des actes de bonté altruistes, ressentait plus de bien-être émotionnel que le deuxième groupe.
- Un autre chercheur, le Dr David Hamilton, qui étudie les effets du stress sur la santé cardiovasculaire, a observé de son côté que les actes de bonté peuvent provoquer une hausse d’ocytocine. Or, cette substance chimique, secrétée au niveau de l’hypothalamus, a pour effet de faire baisser la tension artérielle et réduit l’impact du stress sur le corps.
- Charles Darwin avait déjà, en son temps, souligné l’importance de la bonté chez l’être humain. Selon lui, la bonté est un instinct inhérent à l’homme. Sa fonction est d’assurer la survie de tous les êtres vivants. La tendance de l’homme à la sympathie est instinctive, non culturelle, et encore plus forte que l’instinct de conservation.
Un lien entre générosité et matière grise
- Dans une autre étude, la psychologue Nancy Eisenberg a découvert que les enfants ayant un fort tonus vagal sont plus coopératifs et enclins à donner.
- Tout récemment, une étude menée par des chercheurs zurichois démontre une corrélation entre la générosité et la matière grise. En effet, le volume d’une certaine région du cerveau influence la disposition des gens à se montrer altruistes, explique le Pr Ernst Fehr de l’Université de Zurich dans la revue Neuro.
En observant l’activité cérébrale des participants à l’étude, les chercheurs ont pu observer que les personnes généreuses avaient plus de matière grise que les avares.
Ces études démontrent qu’il existe un lien entre les actes altruistes, la générosité et la bonté, et la santé et le bonheur. Nous avons tous déjà expérimenté cela au moins une fois.
Alors, même si nous ne le faisons pas par altruisme, pourquoi ne pas pratiquer plus souvent la bienveillance, la générosité ou encore la compassion ? Cette pratique de la bonté nous aidera à retrouver notre soleil intérieur, la joie, et d’améliorer notre santé.
Quand la pratique de la bonté mène au mieux-être
Être généreux, ce n’est pas seulement aider les autres. C’est aussi prendre soin de soi-même.
Méditer en ressentant de la compassion envers les autres déplace l’activation cérébrale au repos vers l’hémisphère gauche, une région associée au bonheur, et stimule les fonctions immunitaires.
Donner aux autres, plutôt que de se livrer à des désirs narcissiques, apporte un bien-être durable.
Rire et jouer face à un traumatisme améliore la résilience et l’adapta-tion.
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