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L’allaitement

L’allaitement

Un lien sacré entre mère et enfant.

L’allaitement forge un lien puissant entre la mère et l’enfant. Ce lien transcende cultures et époques. En médecine traditionnelle chinoise, l’allaitement va au-delà de la nutrition. C’est une transmission vitale d’énergie, un échange profond via le Qi et le Sang.

Encore une histoire d’énergie

En MTC, le lait maternel (rǔzhī 乳汁) dépasse le simple aliment. En effet, il prolonge le Sang et le Qi de la mère. Le Huangdi Neijing, bible de la MTC, décrit le lait comme une transformation du Qi et du Sang.

Le lait est produit par la transformation du Qi et du Sang, un processus gouverné par la Rate et l’Estomac. Ainsi, on peut dire que la Rate joue un rôle central dans sa création, en transformant les aliments en essences vitales.

En outre, le Huangdi Neijing, texte ancestral, lie l’allaitement à l’équilibre global. Une lactation fluide repose sur un Qi circulant et un Sang abondant.

Autrefois, en Chine impériale, l’allaitement unissait la communauté. Par exemple, les nourrices (rǔmǔ 乳母) aidaient les élites. De leur côté, les paysannes nourrissaient jusqu’à trois ans, en harmonie avec la nature.

Cependant, aujourd’hui, la MTC s’adapte aux défis urbains : stress, pollution, rythmes accélérés. Par conséquent, les consultations pour troubles de l’allaitement augmentent. 

Un acte universel avec des perceptions variées

L’allaitement est commun a toute l’humanité. Pourtant, chaque culture l’interprète différemment. Par exemple, en Afrique subsaharienne, au Mali, il dure souvent deux ans. Ainsi, il forge un lien indéfectible mère-enfant.

En revanche, en Europe, les chiffres alertent. Seulement 25 % des Françaises allaitent exclusivement à six mois (OMS, 2023). En effet, le retour au travail précoce freine tout.

De plus, au Vietnam, la MTC inspire encore. Les mères boivent des bouillons tonifiants. Ces derniers boostent le Qi. Partout, cet acte nourrit corps et âme. Cependant, quand des obstacles surgissent, le médecin MTC est utile pour continuer l’expérience de l’allaitement.

femme africaine allaitant

Les défis de l’allaitement

Les mères affrontent souvent des obstacles : stress, fatigue, anxiété. Ceux-ci sabotent la lactation.

En MTC, les émotions touchent le Foie, régulateur du Qi. L’anxiété de la mère fait stagner son énergie. La production de lait chute. Une étude de 2020 (International Breastfeeding Journal) le prouve : le stress chronique fait baisser l’ocytocine, une hormone essentielle. Elle facilite notamment le comportement maternel et le lien d’attachement entre la mère et le bébé. 

Les partenaires jouent un rôle complémentaire comme soutien émotionnel et aide pratique. Une étude de 2022 (Journal of Perinatal Psychology) le révèle. Ce support prolonge la durée de l’allaitement exclusif de 40 %. En MTC, on dit que ce soutien fortifie le Qi familial et stabilise la mère. Le Qi familaial est l’énergie vitale que l’on reçoit de notre famille, notamment de nos ancêtres.

Les défis evoqués plus haut signalent des déséquilibres internes. Ils appellent à l’action. Un médecin chinois diagnostique précisément afin de donner le traitement adéquat pour éviter les complications.

La première étape : écouter son corps.

La deuxième étape : consulter un médecin MTC. Il guide vers l’harmonie. Son rôle est crucial pour diagnostiquer, traiter et soutenir.

Comment rééquilibrer nos fonctions

  • La diététique ou l’alimentation remède

La MTC prône des aliments chauds, nourrissants; elle recommande plus particulierement les Galactogènes comme le fenouil, les patates douces violettes, le bouillon de poulet.

On évitera les crudités – de nature froide – ainsi que les aliment trop épicés (piments). Ils perturbent la Rate ou amplifient la Chaleur.

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  • L’acupuncture pour libérer les blocages

L’acupuncture cible des points précis. Elle tonifie ou disperse l’énergie.

  • Elle booste la vitalité en cas de vide de Qi/Sang. Le but est d’aider la Rate, créatrice de Sang.
  • Pour la stagnation du Foie, on fluidifie le Qi et on soulage localement.
  • En cas de mastite on chasse la Chaleur-Humidité.

Une méta-analyse de 2021 (Journal of Chinese Medicine) confirme 89 % de succès pour l’acupuncture plus phytothérapie dans la lactation.

  • La phytothérapie pour nourrir de l’intérieur

Le médecin prescrit une formule adaptée au syndrome afin de :

    • Tonifier le Sang
    • Harmoniser le Foie contre le stress
    • Drainer la Chaleur-Humidité en mastite.

L’émergence d’une nouvelle conscience

De plus en plus d’entreprises remplacent le travail des humains par des robots. Ce nouveau contexte conduit de plus en plus de personnes à reprendre leur vie en mains et à revoir leurs priorités. Beaucoup de personnes retournent vivre à la campagne pour retrouver des rythmes humains et une vie plus saine.  Il mettent ainsi de leur côté toutes les chances d’avoir des enfants en bonne sante physique, émotionnelle et spirituelle.

Il est à noter que les « lactation rooms » se multiplient en entreprise. L’OMS promeut également l’allaitement prolongé (2024).

En effet, pour les enfants, le lait maternel est un bouclier immunitaire. Riche en anticorps, il réduit de 50 % les infections respiratoires. Pour les mères, le fait d’allaiter réduit de 20 % le risque de cancer du sein (Breast Cancer Research).

Soutenir l’allaitement, c’est investir dans une bonne santé future.

Dans ce contexte, le rôle des hommes est crucial. Les hommes éduqués passent d’observateurs à acteurs. Ils mettent en place des stratégies variées. Ils permettent à la mère de prendre du temps pour nourrir leurs enfants. Ces derniers :

  • Préparent des repas « Qi-boost » (soupes, plats chauds).
  • Offrent un soutien émotionnel, réduisant le stress de la mère.
  • Participent aux soins du bébé, libérant du temps aux mamans pour récupérer de l’énergie.

Chez les Maoris, les pères chantent pour apaiser l’enfant. Cela renforce les liens familiaux. Ce rôle discret est vital. Il harmonise la lactation et fortifie le Qi familial. Et si les défis persistent ? Le praticien en MTC complète ce soutien. Il guide la famille vers un équilibre durable.

Les troubles courants

femme qui dort

L’allaitement est un acte d’amour et de transmission d’énergie. Les défis qu’il pose – hypogalactie, mastite, stress – sont des invitations à rétablir l’harmonie intérieure. Au-delà des remèdes, l’allaitement nous rappelle une vérité simple :

Allaiter, c’est tisser un lien sacré qui doit être soutenu par la famille et par la société.

Hypogalactie : quand le lait manque

L’hypogalactie (quē rǔ 缺乳) affecte 30% des mères post-partum (étude Jiangsu TCM College, 2021). En MTC, les causes clés sont :

  • Vide de Qi et de Sang : Après accouchement fatigant ou saignement. Langue pâle, pouls faible signent cela.
  • Stagnation du Qi du Foie : stress ou frustration. Langue rouge aux bords, pouls tendu comme corde.

Consultez un praticien MTC au pluls tôt. Il vous aidera à retrouver l’équilibre et à éviter des frustrations inutiles.

Mastite : l’inflammation du tissu mammaire.

La mastite aiguë (rǔ yōng 乳痈) naît de stagnation de Qi plus Chaleur-Humidité. Douleur, rougeur, fièvre émergent.

Chaque symptôme raconte une histoire. Manque de lait : vide énergétique, épuisement physique ou émotionnel.

Mastite : colère rentrée, surcharge mentale. Ces signaux poussent à ralentir. Se reconnecter au corps.

Il est important de ne pas sous-estimer l’importance de ces symptomes. Consultez sans tarder votre médecin MTC. En  intervenant vite, il prévient les abcès ou les arrête précocement.

Un rappel pour les mamans

  • À consommer : Bouillon de poulet, graines de fenouil, dattes rouges.
  • À éviter : alcool, fritures, aliments crus.
  • Conseil : reposez-vous, entourez-vous de soutien.

Pharmacopée – l’ordonnance

Pharmacopée – l’ordonnance

 

L’art de la prescription unique

Dans ce troisième article dédié à la pharmacopée chinoise, nous abordons l’ordonnance – ou la prescription. Contrairement à la médecine occidentale, la MTC propose des ordonnances sur mesure, adaptées à chaque individu.

Donc, pas de traitement standard ! Chaque prescription est conçue comme une œuvre d’art, adaptée au profil énergétique de chacun. Elle tient compte du diagnostic énergétique spécifique du moment pour ce patient. Le praticien peut utiliser une recette classique telle quelle, ou la modifier (changer les doses, ajouter/retirer certaines plantes) selon les symptômes uniques du patient.

Comme expliqué dans notre article précédent sur la recette, la pharmacopée chinoise combine plusieurs ingrédients pour optimiser leur efficacité tout en ciblant les déséquilibres spécifiques. Que vous souffriez de fatigue, de stress ou de douleurs, votre ordonnance sera aussi unique que votre empreinte digitale.

Découvrez comment ces remèdes, ancrés dans une sagesse millénaire, rétablissent l’harmonie du corps et de l’esprit.

Huit formes d’absorption

Comme pour les médicaments occidentaux, les remèdes chinois adoptent différentes formes selon les besoins et toujours dans un objectif d’efficacité maximale. Voici huit techniques couramment utilisées pour l’absorption des remèdes en pharmacopée chinoise, basées sur les pratiques traditionnelles :

Décoction (煎剂, Jiānjì) :

Méthode la plus courante, consistant à faire bouillir des herbes dans l’eau pour extraire leurs principes actifs. La décoction est bue chaude ou tiède, souvent en plusieurs prises.

Infusion (泡剂, Pàojì) :

Les herbes sont infusées dans de l’eau chaude, sans ébullition prolongée, pour préserver les composés volatils. Utilisée pour des herbes délicates ou aromatiques.

jeune femme buvant un thé
Poudre (散剂, Sǎnjì) :

Les herbes sont réduites en poudre fine, consommées directement. Cette forme permet une administration rapide et une conservation aisée. Elles offrent un compromis pratique. Plus lentes que les décoctions mais plus rapides que les comprimés, elles conviennent aux traitements modérés.

Pilules ou granules (丸剂, Wánjì) :

Les herbes sont transformées en petites pilules ou granules, souvent liées avec du miel, de la farine ou d’autres excipients. Pratiques pour un usage prolongé ou une administration facile.

Pâte ou gelée (膏剂, Gāojì) :

Préparation concentrée obtenue par réduction d’une décoction, souvent mélangée à du miel ou du sucre. Utilisée pour des traitements à long terme, notamment pour tonifier.

Teinture ou macération (酊剂, Dǐngjì) :

Des herbes sont macérées dans de l’alcool ou un autre solvant pour extraire leurs principes actifs. Cette méthode est utilisée pour des traitements spécifiques ou pour une conservation prolongée.

Application externe (外用, Wàiyòng) :

Des herbes sont appliquées sous forme de cataplasmes, pommades ou compresses sur la peau pour traiter des douleurs locales, des inflammations ou des blessures.

Inhalation (熏剂, Xūnjì) :

Les herbes sont brûlées ou chauffées pour produire des vapeurs inhalées, souvent pour traiter les troubles respiratoires ou pour des effets calmants.

Ces techniques sont choisies en fonction de la pathologie, de la constitution du patient et des propriétés des herbes.

Les sept grandes catégories

La pharmacopé chinoise comptabilise plus de 100’000 recettes, qui sont classées en sept catégories. Ces catégories tiennent compte de leur objectif thérapeutique, ainsi que de leur complexité. Imaginez votre état de santé comme une rivière. Selon les obstacles rencontrés, le médecin va choisir la bonne « force hydraulique » autrement dit il va faire une prescription selon l’intensité de la pathologie. Voici donc ces 7 catégories.

Ordonnance majeure (dà fāng)

Elle est utilisée pour les pathologies complexes nécessitant de nombreux ingrédients (souvent 10 ou plus). Par exemple, une ordonnance pour une maladie chronique avec plusieurs déséquilibres (fatigue, douleurs, troubles digestifs) pourrait inclure des tonifiants, des dispersants et des harmonisants. C’est comme un grand orchestre où chaque musicien joue un rôle clé.

Ordonnance mineure (xiǎo fāng)

Plus simple, avec moins d’ingrédients (4 à 6), l’ordonnance mineure cible des symptômes spécifiques. Par exemple, la recette Yín Qiào Sǎn traite les maux de gorge et la fièvre d’un rhume. C’est comme une petite équipe qui se concentre sur une tâche précise.

Prescriptions selon le rythme

Ordonnance lente (huǎn fāng)

Conçue pour les maladies chroniques, l’ordonnance lente agit progressivement pour renforcer le corps sans le brusquer. Par exemple, Bǔ Zhōng Yì Qì Tāng traite la fatigue chronique en tonifiant le  sur le long terme. Pensez à un jardinier qui arrose régulièrement une plante pour la faire grandir.

Ordonnance rapide (jí fāng)

L’ordonnance rapide est utilisée pour les affections aiguës, comme une fièvre soudaine. Ainsi, Huáng Lián Jiě Dú Tāng combine Huáng Lián (Coptis chinensis), Huáng Qín (Scutellaria baicalensis), Huáng Bǎi (Phellodendron amurense) et Zhī Zǐ (Gardenia jasminoides) pour disperser le feu dans le Triple Réchauffeur. Ceci est indiqué pour les fièvres élevées et l’agitation. C’est comme un extincteur qui agit vite pour éteindre un feu.

plantes médicinales chinoises

Prescriptions selon la complexité

Ordonnance impaire (qí fāng)

L’ordonnance impaire est conçue pour une seule étiologie (cause). Par exemple, une ordonnance pour une toux due au vent-froid pourrait se concentrer uniquement sur la dispersion de ce pathogène. C’est comme un tireur d’élite qui vise une cible unique.

Ordonnance paire (ǒu fāng)

L’ordonnance paire combine deux souverains pour traiter deux causes simultanées. Par exemple, une ordonnance pour une stagnation de sang et une faiblesse du pourrait inclure Táo Rén (pour le sang) et Huáng Qí (pour le ). C’est comme deux chefs travaillant ensemble pour résoudre deux problèmes en même temps.

Ordonnance complexe (fù fāng)

L’ordonnance complexe traite des pathologies multifactorielles avec plusieurs causes et symptômes. Par exemple, une ordonnance pour un patient avec douleur chronique, insomnie et faiblesse digestive pourrait inclure des plantes pour calmer l’esprit, tonifier la Rate et soulager la douleur. C’est comme un puzzle où chaque pièce s’assemble pour former une image complète.

Vingt-deux familles d’ordonnances

En MTC, les ordonnances sont également classées en 22 familles selon leur action principale. Voici les plus courantes

Tonifiantes

Renforcent l’énergie (qì, sang, yīn, yáng) pour les personnes fatiguées ou en convalescence.

Libératrices du biǎo

Repoussent les agressions externes comme les rhumes.

Harmonisantes

Rééquilibrent les organes pour apaiser stress ou troubles émotionnels.

Régulatrices de qì

Débloquent l’énergie pour soulager tensions et douleurs.

Régulatrices de sang

Améliorent la circulation pour traiter règles douloureuses ou hématomes.

Émétiques et purgatives

Éliminent toxines en cas d’intoxication ou de constipation sévère.

Dispersantes

Chassent les « six pervers climatiques » (vent, froid, chaleur, humidité, sécheresse, canicule).

Transformatrices

Nettoient les glaires ou stagnations alimentaires.

Astringentes

Contrôlent sueurs excessives, diarrhées ou saignements.

Spécialisées

Ciblent des besoins précis (vue, parasites, gynécologie, urgences).

Ainsi, chaque type d’ordonnance est comme un outil différent dans une boîte à outils. Un marteau est parfait pour enfoncer un clou rapidement, mais pour construire une maison complexe vous avez besoin d’une large palette d’outils spécifiques et complémentaires.

Chaque ordonnance est une composition complexe où plusieurs substances travaillent en synergie pour rétablir l’harmonie globale du patient, comme détaillé dans « Pharmacopée – la recette ».

Cette approche corps-esprit, ancrée dans des millénaires de pratique, illustre la richesse et la profondeur de la MTC, où la santé résulte d’un équilibre dynamique entre l’homme et son environnement.

Ce que l’on peut retenir

Votre ordonnance reflète un diagnostic énergétique personnalisé. Sa forme (décoction, comprimés…) optimise l’absorption selon votre constitution et votre mode de vie. Sa classification (majeure/mineure, rapide/lente…) révèle la stratégie thérapeutique choisie.

Signes d’une prescription adaptée :

  • Amélioration progressive du sommeil et de l’énergie
  • Régularisation des fonctions (digestion, transit, cycles)
  • Réduction des symptômes sans effets secondaires gênants
  • Sensation générale de mieux-être

La MTC ne soigne pas une maladie mais rééquilibre une personne. Votre ordonnance est donc unique, comme votre empreinte digitale énergétique. Elle évoluera avec vous, s’affinant au fil des consultations pour coller parfaitement à vos besoins du moment.

En résumé, la structure des ordonnances en pharmacopée chinoise est une approche méthodique et équilibrée qui reflète la vision holistique de la MTC.

Pharmacopée – la recette

Pharmacopée – la recette

L’art subtil des synergies entre ingrédients

La pharmacopée chinoise, pilier de la médecine traditionnelle chinoise (MTC), repose sur une approche holistique. Elle vise à rétablir l’équilibre énergétique du corps (qì, yīn-yáng, et cinq mouvements) face aux déséquilibres pathologiques. Contrairement à la médecine occidentale, qui se concentre sur l’élimination d’un symptôme spécifique, la MTC traite la personne dans son ensemble. Elle prend en compte les causes profondes, les symptômes associés et aussi les influences émotionnelles ou environnementales.

Ainsi, la clé de cette approche réside dans la construction minutieuse des recettes. Celles-ci combinent plusieurs ingrédients pour répondre à la complexité des déséquilibres énergétiques.

Cet article est le second d’une série de trois. Le premier est consacré aux ingrédients, le suivant à l’ordonnance.

Structure d’une recette

Dans la pharmacopée chinoise, une recette est bien plus qu’une simple liste d’ingrédients. C’est une composition stratégique dans laquelle chaque substance joue un rôle précis. Elle est  comparable à une équipe où chaque membre a une tâche spécifique pour atteindre un objectif commun.

Ces rôles sont inspirés de la hiérarchie impériale chinoise, ce qui rend leur compréhension intuitive, même pour un non initié. Voici les quatre rôles principaux.

Le souverain (jūn)

Le souverain est l’ingrédient principal. Il s’attaque directement à la cause fondamentale de la pathologie. C’est le « chef » de la recette, celui qui définit l’action principale.

Le Ministre (chén)

Le ministre soutient l’action du souverain ou traite des symptômes secondaires liés à la pathologie. Il agit comme un « second » qui renforce ou complète l’action du chef.

Le conseiller (zuǒ)

Le conseiller ajuste les propriétés énergétiques de l’ordonnance ou traite des symptômes associés qui ne sont pas directement liés à la cause principale. Il agit comme un « stratège » qui affine l’approche.

L’Ambassadeur (shǐ)

L’ambassadeur harmonise les interactions entre les ingrédients ou guide l’action de l’ordonnance vers un méridien ou un organe précis. Il joue le rôle d’un « diplomate » qui assure l’harmonie de l’ensemble.

Dans la pharmacopée chinoise, une recette est bien plus qu’une simple liste d’ingrédients. C’est une composition stratégique dans laquelle chaque substance joue un rôle précis. Elle ressemble à une équipe où chaque membre a une tâche spécifique pour atteindre un objectif commun.

Ces rôles s’inspirent de la hiérarchie impériale chinoise, ce qui facilite leur compréhension, même pour un non-initié. Voici les quatre rôles principaux.

 

Équilibrage des énergies

Un principe fondamental de la pharmacopée chinoise consiste à maintenir un équilibre énergétique. Cela évite que la prise du remède ne crée de nouveaux déséquilibres.

Chaque substance possède :

  • une nature énergétique (sì qì : froide, fraîche, tiède, chaude)
  • une saveur (wǔ wèi : piquant, doux, acide, amer, salé)

Ces caractéristiques influencent son action sur le corps. Par exemple, une plante chaude comme Gān Jiāng (gingembre séché) réchauffe l’Estomac. Cependant, utilisée seule en excès, elle risque de provoquer une chaleur excessive et des symptômes comme la soif ou l’irritabilité.

Pour éviter cela, les remèdes secondaires – ministres, conseillers et ambassadeurs – ajustent les propriétés du souverain.

Par exemple, une plante chauffante comme Gān Jiāng (gingembre séché) peut être combinée avec une plante froide comme Huáng Lián (Filodendron de Chine) pour équilibrer les effets thermiques.

Dans une ordonnance pour une douleur abdominale due à un froid interne, Gān Jiāng réchauffe, mais Huáng Lián peut être ajouté en petite quantité pour éviter une surchauffe qui aggraverait l’état du patient.

Autre exemple, dans Bái Hǔ Tāng – Décoction du Tigre Blanc, utilisée pour traiter les fièvres élevées dues à une chaleur excessive dans le corps :

Shí Gāo (gypse) est le souverain, avec une nature très froide qui élimine la chaleur intense. Cependant, cette froideur pourrait endommager l’Estomac, qui préfère une énergie plus douce.

Pour équilibrer, Gān Cǎo (réglisse) et Gěng Mǐ (riz) sont ajoutés comme conseillers. Ces ingrédients doux protègent l’Estomac et adoucissent l’effet agressif de Shí Gāo.

Dans l’encadré ci-dessous nous expliquerons en détail la recette de la décoction d’Ephédra.

Synergies et incompatibilités

Les synergies (xiāng xū) se trouvent au cœur de l’efficacité des recettes chinoises. Elles apparaissent lorsque plusieurs substances travaillent ensemble pour amplifier leurs effets.

Par exemple, dans Sì Jūn Zǐ Tāng – Décoction des Quatre Gentilshommes – Rén Shēn (Panax ginseng) et Bái Zhú (Atractylodes macrocephala) agissent en synergie pour tonifier le qì de la Rate. Ils renforcent l’énergie vitale et améliorent la digestion. Ensemble, ils offrent plus d’efficacité que séparément.

En revanche, certaines combinaisons doivent être évitées. Les « Dix-Huit herbes incompatibles » (shí bā fǎn) peuvent être inefficaces ou toxiques. De même, les « Dix-Neuf Craintes » (shí jiǔ wèi) indiquent des paires à utiliser avec prudence.

En cuisine, certaines saveurs se marient bien – comme le citron et le miel – tandis que d’autres créent un mélange désagréable – comme le vinaigre et le lait. En pharmacopée, on évite ces associations pour protéger le patient.

Ainsi, la pharmacopée chinoise ne se limite jamais à l’utilisation d’une seule plante, tout comme elle ne traite pas le corps indépendamment de l’esprit. Chaque recette est une composition complexe où plusieurs substances travaillent ensemble pour rétablir l’harmonie globale du patient.

Les rôles de souverain, ministre, conseiller et ambassadeur garantissent que les déséquilibres sont abordés de manière multidimensionnelle, tenant compte des interactions énergétiques et des spécificités de chaque individu. Cette approche corps-esprit, ancrée dans des millénaires de pratique, illustre la richesse et la profondeur de la MTC, où la santé est un équilibre dynamique entre l’homme et son environnement.

La recette Má Huáng Tāng (Décoction d’Éphédra)

Má Huáng Tāng – ou décoction d’Éphédra – est l’une des plus anciennes et puissantes recettes de la pharmacopée chinoise classique. Ellle est utilisée pour traiter un rhume avec frissons mais absence de transpiration.

  1. Má Huáng (Éphédra) est le souverain. Cette plante agit en dispersant le vent-froid (un facteur pathogène externe) et en induisant la transpiration pour libérer la surface du corps (biǎo).

En termes simples, imaginez Má Huáng comme le général qui donne l’ordre principal pour combattre l’ennemi (le vent-froid).

  1. Guì Zhī (Rameau de cannelle) est le ministre. Il réchauffe les méridiens (canaux énergétiques) et mobilise le qì pour amplifier l’effet de Má Huáng.

Nous devons voir ici le ministre comme à un assistant qui aide le général à exécuter son plan tout en gérant d’autres aspects du combat.

  1. Xìng Rén (Amande amère) est le conseiller qui aide à descendre le qì pulmonaire, soulageant ainsi la toux ou l’oppression thoracique souvent présentes dans un rhume.

L’image est celle d’un expert qui propose des solutions pour des problèmes secondaires, comme calmer une toux tout en luttant contre le rhume.

  1. Gān Cǎo (Réglisse) est l’ambassadeur ; il harmonise les effets des autres plantes et réduit les risques d’effets secondaires.

L’ambassadeur est à l’image d’un coordinateur qui veille à ce que l’équipe travaille ensemble sans conflit.

Explication simple de la recette

Vous imaginez que vous avez un rhume avec des frissons mais vous ne transpirez pas, cela s’accompagne d’une légère toux. Le Má Huáng (le souverain) est comme un médicament qui vous fait transpirer pour chasser le froid. Guì Zhī (le ministre) ajoute de la chaleur pour soutenir ce processus. Xìng Rén (le conseiller) s’occupe de la toux pour que vous respiriez mieux. Enfin, Gān Cǎo (ambassadeur) s’assure que toutes ces plantes travaillent ensemble sans irriter votre estomac ou causer d’autres désagréments.

Pharmacopée – les ingrédients

Pharmacopée – les ingrédients

Un savoir millénaire au service de la santé

Cet article est le premier d’une série de 3 articles consacrés à la pharmacopée chinoise. Ils ont pour objectif de démystifier cette discipline et de permettre au lecteur d’appréhender toute la valeur et la sagesse qu’elle recèle.

La pharmacopée chinoise, pilier de la médecine traditionnelle chinoise (MTC), est une discipline millénaire. Elle intègre une compréhension holistique de l’être humain, considéré comme une unité indissociable de corps et d’esprit.

Ancrée dans les principes du taoïsme, elle repose sur l’équilibre dynamique du qì (souffle vital), du yīn et du yáng, et des cinq mouvements (wǔ xíng : Bois, Feu, Terre, Métal, Eau). La MTC envisage la santé comme un état d’harmonie entre l’individu et son environnement, influencé par les saisons, les émotions et les cycles cosmiques.

Les textes fondateurs, tels que le Shén Nóng Běn Cǎo Jīng (Classique de la matière médicale de Shén Nóng, environ 200 av. notre ère) et le Shāng Hán Lùn de Zhāng Zhòngjǐng (IIe siècle), codifient les propriétés des substances médicinales, leurs combinaisons et leurs applications thérapeutiques. Ces ouvrages décrivent des centaines de remèdes, principalement végétaux, mais aussi animaux et minéraux. Chacun d’eux est caractérisé par sa nature (sì qì : froid, frais, tiède, chaud), sa saveur (wǔ wèi : piquant, doux, acide, amer, salé), ainsi que son tropisme énergétique (méridiens ou organes cibles).

La pharmacopée chinoise ne se limite pas à l’utilisation isolée de substances. Elle s’appuie sur des ordonnances (fāng) où plusieurs ingrédients agissent en synergie pour traiter les déséquilibres complexes du corps-esprit. Cette approche systémique, qui combine observation empirique et principes philosophiques, vise à rétablir la circulation harmonieuse du qì, à corriger les déséquilibres yīn-yáng et à éliminer les facteurs pathogènes (bìng xié).

Une grande diversité de substances naturelles

La pharmacopée chinoise utilise donc des substances végétales, aussi bien que des substances animales, minérales, fongiques ou organique. Chacune est sélectionnée pour ses propriétés spécifiques et son action sur les méridiens, les organes et les flux énergétiques.

Ces remèdes agissent en synergie pour traiter l’individu. Par ce savoir ancestral, la pharmacopée chinoise ne se contente pas de guérir : elle prévient, harmonise et équilibre l’être dans ses dimensions physique, émotionnelle et spirituelle.

Substances végétales

Les plantes dominent la pharmacopée chinoise ; elles représentent environ 80 % des substances. On utilise différentes parties des végétaux (voir plus bas). Par exemple les fruits (guǒ), comme Shān Zhā (Crataegus pinnatifida) facilitent la digestion des graisses. Ou encore les rhizomes, comme Huáng Lián (Coptis chinensis), drainent le feu du Cœur et de l’Estomac et sont utilisés pour les ulcères buccaux ou l’irritabilité.

mon vegetal

Substances Animales

Les substances animales, bien que moins fréquentes, sont essentielles dans certains contextes. Lù Jiǎo (corne de cerf) tonifie le yáng des Reins. Elle est indiquée pour les faiblesses sexuelles ou les douleurs lombaires. Mǔ Lì (coquille d’huître) ancre le yáng et calme l’esprit. Elle est prescrite pour l’insomnie ou l’agitation. Leur usage est strictement encadré pour respecter les principes éthiques et les cycles naturels.

Substances Minérales

Les minéraux font aussi partie des remèdes de la pharmacopée. Ainsi, Shí Gāo – le gypse – apaise la chaleur excessive dans les syndromes de fièvre élevée. Zhū Shā – le cinabre – calme l’esprit, mais son usage est limité en raison de sa toxicité. Lóng Gǔ – os de dragon fossilisés –  ancre l’esprit et stabilise les émotions.

Substances fongiques

Des substances fongiques sont également utilisées. Ainsi  Fú Líng (Poria cocos), un champignon, agit sur l’humidité et la Rate, favorisant l’élimination des fluides pathogènes. Ces substances sont considérées comme des intermédiaires entre le végétal et le minéral ; elles incarnent l’élément Terre.

Les différentes substances végétales

Dans la pharmacopée chinoise, on exploite les différentes parties des plantes médicinales : racines, feuilles, tiges, fleurs, écorces et graines. Chaque partie est utilisées pour ses propriétés thérapeutiques uniques.

Chaque partie est associée à un éléments des cinq mouvements (Terre, Bois, Feu, Métal, Eau). Elle joue un rôle spécifique dans le rétablissement de l’équilibre du qì, du yīn et du yáng.

Les racines, comme Dǎng Shēn ou Huáng Qí, tonifient et nourrissent, elles transmettent l’idée de la stabilité de la Terre.

Les feuilles, telle Bò He, dispersent le vent et ciblent les couches superficielles, incarnant la vitalité du Bois. Les tiges, comme Pú Gōng Yīng, régulent les flux énergétiques. Les fleurs, comme Jú Huā, apaisent les émotions liées au Feu.

Enfin, les écorces, telle Dù Zhòng – associées au Métal – protègent et renforcent. Et les graines, comme Gǒu Qǐ Zǐ, concentrent l’essence vitale de l’Eau.

Récoltées à des moments précis pour maximiser leur énergie, ces parties sont combinées en formules synergiques, reflétant une approche holistique où chaque élément contribue à harmoniser le corps et l’esprit.

Zoom sur les substances végétales

Les Racines (Gēn)

Les racines (gēn) sont parmi les parties les plus utilisées en raison de leur forte concentration en principes actifs, associés à l’élément Terre, symbole de stabilité et de nourriture.

Elles sont récoltées en automne ou en hiver, lorsque l’énergie de la plante se concentre sous terre. Par exemple, Dǎng Shēn (Codonopsis pilosula) tonifie le qì de la Rate et de l’Estomac. On l’utilise dans les cas de fatigue chronique ou de troubles digestifs.

Huáng Qí (Astragalus membranaceus), une autre racine tonifiante, renforce le qì défensif (wèi qì) pour soutenir l’immunité et prévenir les infections. Les racines comme Shēng Dì Huáng (Rehmannia glutinosa) nourrissent le yīn et sont prescrites pour les syndromes de vide de yīn, comme la soif ou les bouffées de chaleur.

Les feuilles ()

Les feuilles (), liées à l’élément Bois, captent l’énergie du vent et du mouvement. Elles sont récoltées au printemps ou en été, lorsque leur vitalité est à son apogée.

Sāng Yè (Morus alba) disperse le vent-chaleur dans les affections pulmonaires, comme les toux sèches ou les fièvres légères.

Bò He (Mentha haplocalyx), avec ses feuilles aromatiques, libère la surface (biǎo) en favorisant la sudorification dans les syndromes d’attaque externe. Leur action est souvent ascendante et dispersante, ciblant les couches superficielles du corps.

Les tiges (Jīng)

Les tiges (jīng) régulent les mouvements du qì, qu’ils soient ascendants (shēng) ou descendants (jiàng). Récoltées au printemps, elles incarnent la vigueur de la sève.

Pú Gōng Yīng (Taraxacum mongolicum) draine l’humidité-chaleur, utilisé dans les infections urinaires ou les abcès.

Húo Má Rén (Cannabis sativa, tige) agit sur l’intestin pour lubrifier et faciliter la défécation dans les cas de constipation.

Les fleurs (Huā)

Les fleurs (huā), associées à l’élément Feu, sont récoltées à leur pleine floraison pour capter leur énergie yáng. Elles influencent souvent l’état émotionnel et les fonctions du Foie.

Jú Huā (Chrysanthemum morifolium) apaise le Foie, clarifie la vision et disperse le vent-chaleur, indiqué pour les maux de tête ou les irritations oculaires.

Jīn Yín Huā (Lonicera japonica) élimine la chaleur toxique dans les infections comme les angines.

L’ecorces ()

Les écorces (), liées à l’élément Métal, sont récoltées en automne ou au printemps, lorsque la sève est abondante. Elles ont une action protectrice et astringente.

Dù Zhòng (Eucommia ulmoides) renforce les Reins et les os ; il est utilisé pour les douleurs lombaires. Huáng Bǎi (Phellodendron amurense) draine l’humidité-chaleur, notamment dans les infections génito-urinaires.

Graines (Zǐ)

Les graines (zǐ), associées à l’élément Eau, sont récoltées à maturité pour leur capacité à stocker l’énergie vitale (jīng). Gǒu Qǐ Zǐ (Lycium barbarum) nourrit le yīn du Foie et des Reins, améliorant la vision et la vitalité. Sū Zǐ (Perilla frutescens) descend le qì pulmonaire, soulageant l’asthme ou la toux.

Préparation des plantes et substances

La préparation des remèdes traditionnels, bien que parfois simple (séchage, découpage pour décoctions), requiert souvent des techniques spécifiques. Ces techniques permettent de répondre à des objectifs précis : faciliter l’absorption, assurer la conservation, réduire la toxicité, modifier les propriétés énergétiques, augmenter l’efficacité ou éliminer les constituants indésirables.

Ces procédés, rigoureusement élaborés au fil de l’histoire de la pharmacopée chinoise, restent strictement appliqués aujourd’hui pour garantir la fiabilité des remèdes.

Séchage (Gān)

Le séchage (gān) est essentiel pour préserver les substances. Les plantes comme Bái Zhú (Atractylodes macrocephala) sont séchées au soleil pour renforcer leur action tonifiante, tandis que les fleurs comme Jú Huā sont séchées à l’ombre pour préserver leurs huiles essentielles. Le séchage au soleil (shài gān) accentue les propriétés yáng, tandis que le séchage à l’ombre (yīn gān) préserve le yīn.

Macération (Jìn)

La macération (jìn) extrait les principes actifs en trempant les substances dans l’eau, le vin (yào jiǔ), ou l’huile. Dāng Guī (Angelica sinensis) macéré dans du vin renforce la circulation du sang ; elle est utilisée pour lutter contre les douleurs menstruelles. La macération dans l’eau de riz (mǐ shuǐ) harmonise les fonctions digestives, comme pour Fú Líng.

Poudre (Fěn)

La réduction en poudre (fěn) facilite l’administration et la conservation. Les substances comme Mǔ Lì sont pulvérisées pour les pilules ou les applications locales. La poudre Píng Wèi Sǎn combine Cāng Zhú, Hòu Pò et Gān Cǎo pour éliminer l’humidité et soulager les nausées.

Cuisson au Feu (Huǒ Zhì)

La cuisson (huǒ zhì) modifie les propriétés énergétiques. Gān Jiāng (Zingiber officinale séché) est chauffé pour réchauffer le Froid de l’Estomac, contrairement au gingembre cru (shēng jiāng), qui disperse le vent-froid. La torréfaction (chǎo) renforce les effets tonifiants, comme pour Bái Zhú Chǎo.

Cuisson sous la Cendre (Wèi)

La cuisson sous la cendre (wèi) consiste à envelopper les substances dans du papier humide ou de la pâte de riz et à les chauffer sous des cendres chaudes. Cette méthode réduit les huiles volatiles (huiles essencielles) pour éviter les effets secondaires. Par exemple, Mù Xiāng (Saussurea lappa) préparé selon cette méthode (wèi mù xiāng) est utilisé pour réguler le qì de l’Estomac sans provoquer d’irritation.

Calcination (Duàn)

La calcination (duàn) consiste à brûler les substances à haute température pour les réduire en cendres, éliminant les impuretés et modifiant leur nature. Mǔ Lì calciné (duàn mǔ lì) devient plus astringent ; il est utilisé pour arrêter les sueurs spontanées ou les pertes séminales. Cette méthode est courante pour les substances minérales comme Lóng Gǔ.

Fermentation (Fā Xiào)

La fermentation (fā xiào) active les propriétés biologiques des substances. Par exemple, Shén Qū (Massa medicata fermentata), obtenu par fermentation de céréales, facilite la digestion et traite les stagnations alimentaires.

Pharmacopée et Cosmologie

Dans la pensée traditionnelle chinoise, l’être humain se tient entre le Ciel (天) et la Terre (地), tel que le symbolise le diagramme hérité de Mengzi : un axe vertical où l’Homme (人) incarne le trait d’union entre les lois célestes et les manifestations terrestres.

Ce schéma cosmologique guide l’ensemble de la médecine chinoise, en particulier la pharmacopée. Chaque remède est plus qu’une simple substance : il est un vecteur d’harmonisation entre les forces cosmiques et corporelles. Les plantes, minéraux, animaux et champignons sont choisis non seulement pour leurs effets physiologiques, mais pour leur capacité à rectifier les flux énergétiques (qì), équilibrer le yīn et le yáng, et résonner avec les organes selon les cinq mouvements.

Les racines, ancrées dans la Terre, nourrissent la stabilité ; les fleurs, proches du Ciel, élèvent et dispersent. Ainsi, chaque remède s’inscrit dans un dialogue subtil entre le haut et le bas, entre l’invisible et le tangible. Le diagramme rappelle que la santé n’est pas simplement absence de maladie, mais alignement entre notre nature profonde, notre environnement, et les lois du Ciel — et la pharmacopée est l’instrument précis de cette restauration.

Mencius

Mencius

Mencius, le philosophe du cœur humain

Dans la Chine tumultueuse des Royaumes combattants (475-221 av. J.-C.), où les royaumes s’affrontaient sans répit pour la suprématie, un homme se dressa pour défendre une idée aussi simple que profonde :

la nature humaine est fondamentalement bonne.

Cet homme, c’est Mencius, ou Mèngzǐ (372-289 av. J.-C.), considéré comme le second grand penseur du confucianisme après Confucius lui-même. Son œuvre, consignée dans le ‘Mencius’, l’un des Quatre Livres du canon confucianiste, continue d’inspirer des générations par sa foi en la bonté innée de l’homme et sa vision d’une société harmonieuse fondée sur la vertu.

Un héritier de Confucius

Né dans l’État de Zou, non loin de la ville natale de Confucius, Méncius grandit dans l’ombre spirituelle du grand maître. On raconte qu’il étudia auprès d’un disciple de Zǐ Sī, petit-fils de Confucius, s’imprégnant des enseignements confucianistes qu’il s’employa à défendre et à adapter aux réalités de son époque. À une période où la Chine était déchirée par les guerres et les rivalités, Méncius entreprit un périple à travers les royaumes, cherchant un souverain éclairé, un « sage-roi » capable d’incarner les idéaux de justice et de bienveillance. Ses dialogues avec les princes, pleins de sagesse et parfois d’audace, sont rapportés dans le Mencius, un recueil de sept livres qui porte le nom de ses principaux interlocuteurs.

Contrairement à Confucius, dont les enseignements étaient souvent austères et centrés sur les rites, Méncius aborda la philosophie avec une humanité chaleureuse, mettant l’accent sur le cœur humain. Il croyait que la bonté était une graine présente en chaque individu, prête à germer si les conditions le permettaient. Cette conviction l’opposa à d’autres penseurs de son temps, comme les disciples de Mòzǐ, qui prônaient un amour universel sans distinction, ou ceux de Yáng Zhū, qui privilégiaient l’individualisme. Méncius, lui, défendait un confucianisme ancré dans les hiérarchies sociales et les vertus morales.

Une enfance façonnée par la vertu

L’histoire de Méncius est aussi celle de sa mere, figure légendaire dans la tradition chinoise. Déterminée à offrir à son fils un environnement propice à son épanouissement, elle déménagea trois fois pour échapper aux influences néfastes. Dans un quartier de fossoyeurs, le jeune Méncius jouait à creuser des tombes miniatures ; près des abattoirs, il imitait les bouchers. Finalement, elle s’installa près d’une école, où l’enfant trouva un cadre favorable à son éducation.

Une autre histoire célèbre met en lumière la sagesse de cette mère. Un jour, voyant Méncius rentrer prématurément de l’école, elle coupa en deux un tissu qu’elle tissait avec soin. Devant l’étonnement de son fils, elle expliqua : « En abandonnant tes études, tu fais exactement comme moi : tu détruis un travail précieux. » Touché par cette leçon, Méncius retourna à ses études avec ardeur, posant les bases de sa future grandeur.

La bonté au cœur de l’homme

Au cœur de la philosophie de Méncius réside une idée révolutionnaire pour son époque : l’homme naît avec un sens moral inné. Pour illustrer ce principe, il évoque une scène universelle : si une personne voit un enfant sur le point de tomber dans un puits, son premier réflexe sera de ressentir de la panique et de vouloir le sauver, non par intérêt ou par crainte du jugement, mais par pure compassion. Cette réaction spontanée, selon Méncius, révèle la bonté naturelle de l’homme. « Sans un cœur qui compatit, on n’est pas humain », affirmait-il, faisant de la compassion, de la honte, de la modestie et du discernement les quatre piliers de l’humanité.

Pour Méncius, la moralité distingue l’homme de l’animal. Mais cette bonté innée peut être étouffée par un mauvais environnement ou des circonstances défavorables. L’éducation, dès lors, ne consiste pas à imposer des règles strictes, mais à cultiver ces vertus naturelles, comme un jardinier prend soin d’une plante sans la forcer à pousser. Il illustre cette idée avec la parabole de l’homme de Sòng, qui, impatient de voir ses pousses croître, les tira vers le haut et les détruisit. Forcer la nature humaine, c’est la détruire ; l’éducation doit être patiente et respectueuse du rythme de chacun.

Une vision politique humaniste

Méncius ne se contentait pas de réfléchir à l’individu : il voulait transformer la société. Dans une époque marquée par les guerres et l’égoïsme des dirigeants, il plaidait pour un gouvernement bienveillant, guidé par la vertu.

Un souverain, selon lui, tire sa légitimité du « Mandat du Ciel », mais ce mandat se manifeste à travers le soutien du peuple. Un roi qui néglige le bien-être de ses sujets perd cette légitimité, et le peuple a le droit de se révolter, voire de le renverser.

Cette idée audacieuse, presque révolutionnaire, faisait de Méncius un penseur politique d’une modernité saisissante.

Il exhortait les souverains à gouverner par l’exemple, en cultivant la vertu et en éduquant leur peuple. Un État prospère, selon lui, repose sur des citoyens moralement éduqués, capables de compassion et de droiture.

Malheureusement, les princes qu’il rencontra, plus préoccupés par la guerre que par la paix, restèrent sourds à ses appels. Déçu, Méncius se retira pour se consacrer à l’enseignement, formant des disciples dans une école privée où il transmit ses idéaux.

Un héritage intemporel

Mencius

“ Celui qui va jusqu’au bout de son coeur connaît sa nature d’homme. Connaître sa nature d’homme c’est alors connaître le ciel.”

Le Mencius, avec ses dialogues vivants et ses anecdotes accessibles, demeure une œuvre majeure de la pensée chinoise.

Traduit en français par des érudits comme Guillaume Pauthier ou André Lévy, il continue d’inspirer par sa foi en la bonté humaine et son appel à une société juste. En Corée, où il est appelé « Maeng-ja », et au Japon, où il est connu sous le nom de « Mǒshi », son influence perdure dans l’éducation et la culture.

Méncius nous rappelle que la moralité n’est pas une contrainte extérieure, mais une force intérieure qui ne demande qu’à s’épanouir.

Dans un monde souvent chaotique, son message résonne encore : croire en la bonté de l’homme, c’est ouvrir la voie à un avenir meilleur. Comme une plante bien cultivée, l’humanité peut fleurir si on lui donne l’amour, la patience et les soins qu’elle mérite.