La calligraphie chinoise

La calligraphie chinoise

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Un art méditatif aux vertus guérisseuses

La calligraphie est un moyen d’exprimer l’essence même de l’âme ; au travers de chaque trait de pinceau, le corps et l’esprit fusionnent dans une harmonie parfaite.

Cet art méditatif partage avec les arts martiaux, internes ou externes, ainsi qu’avec la médecine traditionnelle bien plus que l’on ne pourrait le penser. En effet, la calligraphie chinoise n’est pas simplement une écriture, elle est un art ancestral.

Les origines de la calligraphie chinoise

Dans la mythologie chinoise, l’invention de l’écriture est souvent attribuée à Cang Jie, un ministre légendaire de l’empereur jaune Huangdi (c. 2750 av. J.-C.). On raconte que Cang Jie, avait quatre yeux lui permettant de percer les secrets du Ciel et de la Terre.

Cang Jie

Il observa notamment les empreintes laissées par les animaux et conçut pour désigner chacune d’entre elles une marque immédiatement reconnaissable.

L’Empereur jaune, éminemment satisfait, fit promulguer l’usage de son écriture dans tout le pays. Il lui fit aussi élever un temple au bord de la rivière à l’emplacement de son lieu de travail.

Ces symboles, au départ simples et pictographiques, ont évolué pour devenir un système d’écriture complexe, alliant le sens à l’esthétique.

L’un des premiers styles de calligraphie est le « style des os et des carapaces », qui apparaissait sur des carapaces de tortue et des os de bœuf pendant la dynastie Shang (1600-1046 avant J.-C.). Ce style d’écriture archaïque, bien que rudimentaire, portait déjà en lui les germes de l’art subtil et raffiné que nous connaissons aujourd’hui.

La calligraphie a ensuite connu une série d’évolutions majeures, influencées par les différentes dynasties chinoises. Chaque période a apporté des contributions uniques à cet art. Cela a donné naissance à différents styles, tels que le style sigillaire (篆书, zhuànshū), le style des scribes (隶书, lìshū), le style régulier (楷书, kǎishū), le style semi-cursif (行书, xíngshū), et le style cursif (草书, cǎoshū). Ces différents styles partagent une même essence : l’expression du qi, cette énergie vitale qui circule en chaque être vivant.

Un voyage historique

Au fil des siècles, la calligraphie a toujours été perçue comme plus qu’une simple méthode d’écriture. Sous la dynastie Han (206 avant J.-C. – 220 après J.-C.), elle a commencé à être reconnue comme une forme d’art à part entière. Les lettrés et les fonctionnaires impériaux apprenaient la calligraphie non seulement pour écrire, mais aussi pour cultiver leur esprit. Cet art devint une expression des vertus morales, de la droiture, et de l’harmonie intérieure.

Durant la dynastie Tang (618-907 après J.-C.), la calligraphie atteignit des sommets. Des maîtres comme Wang Xizhi et Yan Zhenqing laissèrent des œuvres qui continuent d’être étudiées et admirées aujourd’hui.

La dynastie Song (960-1279 après J.-C.) vit également l’émergence d’un lien plus profond entre la calligraphie, la poésie et la peinture, faisant de ces trois disciplines un trio inséparable, incarnant l’idéal du lettré chinois.

Ainsi, de génération en génération, cet art a traversé les âges, se perfectionnant, tout en restant ancré dans ses principes fondamentaux.

Les écoles de calligraphie se multipliaient, et chaque région apportait sa touche personnelle, mais une chose demeurait inchangée : la calligraphie n’était pas simplement un art visuel, mais un chemin vers la paix intérieure.

calligraphie ancienne

Un lien inattendu avec les arts martiaux

Comme nos lecteurs le savent déjà, le corps et l’esprit en MTC sont intimement liés. Cette compréhension se reflète dans l’art martial chinois, où l’énergie interne (qi) et la maîtrise des mouvements sont fondamentales. Ce même concept s’applique à la calligraphie.

On pourrait penser que les arts martiaux et la calligraphie sont deux disciplines très différentes. Pourtant, ils partagent une connexion profonde : tous deux reposent sur la concentration, le contrôle du corps, et la circulation fluide du qi. Dans les arts martiaux internes comme le Tai Chi ou le Qi Gong, les mouvements sont lents, mesurés, et axés sur l’harmonisation de l’énergie vitale. Dans la calligraphie, le maniement du pinceau suit un principe similaire. 

tai chi

Chaque trait est un flux d’énergie, chaque caractère une manifestation de l’équilibre et de la force intérieure.

Maîtriser la calligraphie est comparable à maîtriser un art martial : cela demande de la discipline, de la patience et une harmonie parfaite entre le corps et l’esprit.

Les anciens maîtres de l’art martial recommandaient souvent la pratique de la calligraphie pour renforcer l’esprit et approfondir la maîtrise du qi. Cette discipline calme et méditative pouvait ensuite être appliquée à leur pratique martiale interne curative.

Un art guérisseur

Si la calligraphie est souvent perçue comme un simple passe-temps artistique, elle possède en réalité des vertus thérapeutiques. La médecine traditionnelle chinoise enseigne que l’équilibre du corps repose sur la circulation harmonieuse du qi et du sang. Toute obstruction de cette énergie peut entraîner des maladies.

La pratique de la calligraphie permet d’apaiser le mental, de calmer le cœur, et de réguler le flux du qi. Lorsque vous concentrez toute votre attention sur le pinceau, vous plongez dans un état méditatif, où l’esprit s’apaise et où le stress se dissipe. Cela favorise la régulation de la respiration, l’alignement du corps, et la circulation fluide de l’énergie.

Des études modernes confirment que la pratique régulière de la calligraphie peut réduire l’anxiété, améliorer la concentration, et même abaisser la tension artérielle. Tout comme la méditation, elle permet de retrouver un état d’équilibre intérieur.

En ce sens, la calligraphie est bien plus qu’un simple art ; elle est un chemin vers la guérison, une voie pour harmoniser le corps et l’esprit.

calligraphie ancienne

Ainsi donc, la calligraphie est un chemin spirituel pour l’âme, une pratique guérisseuse pour le corps. En s’immergeant dans cet art, le pratiquant entre dans une méditation active, où chaque trait est une manifestation de son qi, où chaque caractère est une fenêtre sur son équilibre intérieur.

Dans un monde où le stress, l’agitation, et les distractions sont omniprésents, pourquoi ne pas trouver refuge dans la calligraphie ? Elle vous guidera vers une vie plus calme, plus harmonieuse, et plus en phase avec votre véritable essence.

L’unique trait de pinceau

A l’âge de 22 ans, l’artiste Fabienne Verdier, diplômée des Beaux-Arts de Toulouse en 1983, choisit de partir étudier la calligraphie en Chine. En parallèle à ses études au Sichuan Fine Arts Institute de Chongqing, elle étudie auprès des derniers grands maîtres calligraphes ayant survécu à la Révolution culturelle.

Elle relatera cette expérience hors du commun dans plusieurs ouvrages, notamment L’Unique trait de pinceau (Albin Michel, 2001) et Passagère du silence, dix ans d’initiation en Chine (2003). Elle y raconte une véritable aventure où elle doit braver les interdits et les réticences encore très vivaces à l’époque. Mais elle y raconte surtout ce qui est un véritable parcours initiatique, une découverte profonde d’elle-même à travers ces années de travail et d’étude assidus.

En un témoignage passionnant, l’artiste partage sa découverte de cet art, un art qui  repose sur une adéquation parfaite entre l’âme de l’artiste et le  » principe qui régit toute chose ». En effet la calligraphie exige une implication totale du corps et de l’esprit. Après des heures de silence et de concentration, toute la difficulté réside dans le fait qu’une fois le geste amorcé, le sort du tableau est joué sans qu’il soit possible de revenir en arrière : « La règle se fonde sur l’Unique Trait de pinceau », écrivait au XVllle siècle Shitao, l’un des plus grands peintres chinois. L’Unique Trait de Pinceau est l’origine de toutes choses, la racine de tous les phénomènes. »

Fabienne Verdier invite ainsi ses lecteurs à porter un autre regard sur le monde sensible et à retrouver une unité primordiale.

Vivre wu wei

Vivre wu wei

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Les secrets de l’action sans effort

Le concept de Wu Wei ( 无为), comme déjà évoqué dans notre précédent article, se traduit par « non-agir » ou encore par « action sans effort ». Ancré dans le taoïsme, wu wei est un véritable art de vivre. En comprendre la valeur, et ainsi désirer l’appliquer dans sa vie suppose de graduellement procéder à des mutations dans notre façon de vivre et de voir la vie. Nous allons explorer ici plus en détail comment accéder à cette magie de wu wei.

Remettre en question notre façon de vivre

Pourquoi devrais-je me remettre en question ? Alors même que tout va bien dans ma vie… J’ai un super travail, je gagne beaucoup d’argent, mes enfants sont dans les meilleures écoles privées… Et pourtant !

Je suis d’accord, en ce moment je suis très fatigué ; Je me réveille plusieurs fois la nuit pour faire pipi ; Le matin au réveil, je ressens des tensions douloureuses et je ne suis pas reposé etc. Ces quelques désagréments sont des alertes que le corps m’envoie pour me signaler que je commence à dépasser mes limites, ou qu’il existe des déséquilibres cachés dans ma vie. Si je n’y prête pas attention, cela peut me conduire à des problèmes ou pathologies bien plus graves. Il est temps d’agir !

Vivre avec Wu Wei est une démarche volontaire dans laquelle nous organisons notre vie afin de laisser place à l’expression notre propre nature, en harmonie avec la nature environnante. Ainsi, Wu Wei nous demande de découvrir qui nous sommes vraiment, avant même que le corps nous alerte.

Vivre wu wei suppose donc de nous mettre à l’écoute de nous-mêmes, d’entendre nos besoins, nos regrets, nos frustrations, et aussi ce qui nous fait vibrer. Nous apprenons ainsi à décoder ce qui nous met en colère, ce qui nous rend triste ou anxieux.

A l’inverse, nous décryptons les choses subtiles qui contribuent à notre plénitude et à notre joie, celles qui nous rendent simplement plus vivants. Cette découverte fait partie intégrante de la vie et s’apparente à un parcours de sagesse.

L'angélique chinoise, trésor de la mtc

Se rapprocher de la Nature

Dans ce parcours, se rapprocher de la Nature est la démarche la plus naturelle à adopter. D’elle découlera la suite de notre évolution. Nous l’avons vu, wu Wei consiste à se laisser porter par les flux de la nature, en nous adaptant aux situations, à l’image de l’eau qui pénètre les roches les plus dures, tranquillement.

Attention, il ne s’agit pas d’un abandon total mais de renoncer à forcer les choses.

Se rapprocher de la nature se fait par étapes. Il s’agit tout d’abord de se donner les moyens d’améliorer notre hygiène de vie.

Nous consommerons de plus en plus de de produits locaux et frais. Nous prendrons davantage soin de notre repos. Nous passerons de plus en plus de temps dans la nature.

Une relation de plus en plus intime emprunte de confiance s’installera ainsi progressivement entre nous et la Nature. Nous donnons alors une chance à nos sens ainsi qu’à notre sagesse innée de se réveiller.

Cultiver le calme intérieur

Cultiver le calme intérieur c’est déjà de prendre de la distance face aux difficultés rencontrées. Il existe de nombreuses pratiques (la méditation, le qi gong, le tai chi, le pranayama, les arts martiaux) qui aident à développer ce calme intérieur. Toutes impliquent la relaxation, l’écoute intérieure, la respiration profonde. Pour pénétrer l’esprit de wu wei, il nous faut en effet développer une écoute toujours plus fine de nos sensations, des stimuli extérieurs.  Cela nous permet de renouer avec notre intuition, notre instinct animal.

La pratique de l’aviation, l’escalade, la plongée, la pratique d’un art tel que la peinture, la musique ou encore l’artisanat comme la poterie, le travail du bois… contribuent aussi à développer nos cinq sens et notre écoute intérieure.

Avoir foi en la vie

Vivre wu wei suppose avoir foi en la vie. Cela nous demande de renoncer aux conditionnements qui nous limitent et nous poussent à la peur. Cela nous invite à développer un profond amour de la vie sous toute ses formes. Nous devons pour cela abandonner le contrôle pour laisser l’univers organiser pour nous la meilleure solution face aux problèmes divers que nous rencontrons.

Nul besoin de « je dois… », « il faut que je… ». S’il est juste d’avoir un certain sens des responsabilités, il est cependant nocif de n’agir que par devoir, par respect des conventions sociales, par routine etc.

Dès lors que nous comprenons qu’une majorité des règles édictées par nos sociétés, nos gouvernements, nos parents, sont notre prison, nous faisons le premier pas pour vivre le non-agir. Se détacher des conditionnements sociaux et être vraiment libre demande du temps, de la persévérance, et du courage.

Dans ce chemin, beaucoup renoncent par peur de perdre des amis, d’être regardés de travers par les autres…

Mais plus l’on avance dans ce chemin, plus on en découvre les bénéfices inestimables. La pratique du non-agir permet paradoxalement à nos actions de devenir plus efficaces et constructives. Nous dépensons moins d’énergie inutile, et sommes d’autant plus disponibles. Wu Wei nous procure un sentiment d’éveil détendu, une attention alerte et paisible qui se révèle joyeuse et énergisante. Il nous éveille à une forme de sagesse. Il nous est ainsi de plus en plus facile de nous laisser porter par le flux de la vie.

Le processus de création

Les grands artistes vivent wu wei à travers leur création. L’inspiration leur vient de ce lien avec l’énergie universelle qui anime toute vie, et de leur capacité à s’y abandonner. Depuis la nuit des temps l’inspiration et le processus de création fascinent. Picasso, ou Dali ont été filmés en train de créer. Aujourd’hui on organise des happenings où l’on voit un artiste peindre en direct.

Sous la dynastie chinoise des Tang, dans la Chine ancienne, wu wei est un élément central de la pratique artistique. La tâche du peintre n’est pas d’imiter l’apparence des choses, mais de se connecter étroitement avec l’esprit d’une montagne, d’un arbre, d’un oiseau et de laisser cet esprit s’écouler à travers le pinceau sur la soie.

L’acte de peindre est révéré en soi. Le poète Fu Zai décrit ainsi une grande fête organisée pour voir le peintre Zhang Zao à l’œuvre :

« Au milieu de la pièce, il s’assit, les jambes écartées, respira profondément et son inspiration commença à jaillir. Les personnes présentes étaient aussi effrayées que si un éclair traversait le ciel ou qu’un tourbillon s’élevait dans le ciel. L’encre semblait jaillir de son pinceau volant. Il frappa dans ses mains avec un bruit de craquement. Soudain, des formes étranges apparurent. Lorsqu’il eut terminé, il y avait des pins, écaillés et déchirés, des falaises abruptes et précipitées, de l’eau claire et des nuages turbulents. Il jeta son pinceau, se leva et regarda dans toutes les directions. On aurait dit que le ciel s’était éclairci après un orage, pour révéler la véritable essence de dix mille choses. »

Wu Wei, la magie du non-agir

Wu Wei, la magie du non-agir

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Un concept taoïste riche d’enseignements

Wu Wei ( ) est une notion taoïste couramment traduite par « non-agir ». Il désigne une attitude face à la vie qui consiste à agir en harmonie avec le mouvement de la Nature et de ses lois. Lao Tseu (voir encadré) en avait fait un principe de gouvernement idéal ; ainsi le trône de plusieurs empereurs chinois portait l’inscription « wuwei » sur un panneau de laque.

Ce principe est particulièrement intéressant à explorer à une époque où l’Homme vit à contre-courant du flux naturel de la vie, cherchant à tout posséder, planifier et contrôler, y compris la nature. Avec wu wei, il s’agit de s’abandonner au flux de la vie, en la laissant nous traverser et nous guider. Ce n’est pas pour autant une attitude de passivité qui est évoquée ici, mais l’idée d’une action juste et adaptée.

Notre vie est de plus en plus déconnectée de la nature, de ses rythmes. Le conditionnement social valorise la suractivité, la compétition, la rapidité d’exécution, le « toujours plus ». Dès le plus jeune âge, nous sommes programmés à faire plaisir à nos parents, à réussir, à nous conformer aux règles sociales, donc à répondre à des attentes extérieures. A tel point que nous perdons le sens de qui nous sommes et de quelles sont nos aspirations profondes. Nous agissons la plupart du temps par devoir, et non par élan vital. Nous privilégions le « FAIRE » au détriment du « ÊTRE ».

Retrouver l’harmonie avec la nature

L’aventurière suisse Sarah Marquis voue sa vie à se fondre dans la nature, parcourant les terres les plus hostiles sans réserve de nourriture ni villages sur son chemin. Elle y a survécu à la faim, à la soif, en réveillant en elle les fabuleuses ressources que chacun de nous possède au fond de lui, ce que l’on appelle l’instinct animal. Elle explique comment, après un certain temps passé loin de la « civilisation », elle peut sentir la présence d’eau à 5 km alentour !

Certes, la vie sur terre suppose un certain nombre d’actions pour maintenir la vie : se nourrir, apprendre, prendre soin de notre santé, de nos enfants… Mais ces tâches devraient être accomplies de façon à contribuer à notre épanouissement, et non pas nous réduire à un état de quasi-esclavage.

Les principes du Yang Sheng de la médecine chinoise vont dans le même sens : plus nous vivons en harmonie avec la nature et avec notre propre nature, meilleure est notre santé.

Pratiquer Wu Wei, c’est donc accepter de laisser la vie agir à travers nous. Cet état de disponibilité est caractérisé par l’absence d’effort, une facilité qui permet à la bonne action de se dérouler au bon moment et de la bonne manière.

Cela suppose d’avoir confiance en la vie, en cette intelligence qui est à l’œuvre en nous et autour de nous, et que les Chinois appellent le Tao.

Lâcher-prise sur nos conditionnements et croyances

Cela implique d’abandonner nos conditionnements sociaux, nos croyances, pour répondre de façon plus spontanée et intuitive aux événements, comme l’enfant en bas-âge qui n’a pas encore été formatté par l’école et la société. Cela suppose aussi de faire abstraction de nos objectifs et volontés égotiques, et également des innombrables pressions sociales.

Pratiquer Wu wei se traduit par un retour à une vie plus simple, à une reconnexion à notre être complet, à la fois matériel et spirituel. Nous devons pour cela renoncer à certains aspects de notre vie qui sont source de stress, de résistance et de souffrances.

Chacun a fait l’expérience de cet état caractéristique de Wu Wei au moins une fois dans sa vie. Il/Elle a vécu cet état de grâce où les événements s’enchaînent comme par enchantement, et où nous obtenons des résultats inespérés sans rien avoir fait de spécial. On peut même croire parfois à un véritable miracle.

Le flow ou la magie de wuwei

Les sportifs de haut niveau connaissent bien cet état de fonctionnement optimal. Ils recherchent cet état qu’ils appellent le flow ou la zone.

« En état de flow le sportif semble pouvoir réaliser sa performance dans des conditions extrêmement favorables regroupant par exemple la concentration, l’automatisation des gestes, le plaisir, la sensation d’équilibre entre le défi et ses habiletés » explique le chercheur et auteur Jackson.

C’est aussi le cas des artistes, ou de génies de la science, qui dans des moments d’inspiration reçoivent les notes de musique, les mots, les recettes de cuisine… voire les équations mathématiques. Ils sont alors dans un état de disponibilité et de connexion avec la Nature et son intelligence, qui permet à celle-ci de pénétrer en eux.

Mais expérimenter Wu Wei ainsi, ponctuellement, ne signifie pas pour autant vivre dans l’esprit de Wu Wei. Vivre le Non -agir est une philosophie de vie ; cela suppose une remise en question de nos priorités et une transformation progressive de notre état d’être. Dans une deuxième partie, nous verrons quelles voies et pratiques peuvent nous permettre de nous rapprocher de cet état de Wu Wei.

Car cet état procure une sensation incroyablement agréable qui rend notre vie plus belle et nos actions plus efficaces. De quoi embellir notre vie et celle de notre entourage. En effet, en nous reliant profondément à la nature, nous respectons naturellement toute vie autour de nous.

Lao Tseu, le père de wuwei

 

Selon la tradition chinoise, Li Eul ou Lao Tan, plus connu sous le nom de Lao-tseu ou Laozi (Vieux Maître) aurait vécu au VIe siècle avant J.-C. Il est considéré comme le père du taoïsme, et est l’une des figures mythiques de la Chine ancienne, à l’instar de Confucius.

Sa vie a donné lieu à de nombreuses légendes : après une naissance miraculeuse, il aurait vécu deux cents ans et aurait dispensé quelques enseignements au jeune Confucius. Il aurait été archiviste et astrologue des empereurs Zhou. Il se serait ensuite enfuit vers l’ouest, écœuré par la décadence de cette dynastie. Avant de franchir la frontière indienne, il aurait confié au garde son testament philosophique, le ‘Tao-tö king’ ou « Livre de la Voie et de la Vertu), un texte majeur du taoïsme. On ignore comment il est mort.

Lao-tseu est considéré par les taoïstes comme un dieu (太上老君, Tàishàng lǎojūn, « Seigneur suprême Lao ») et comme leur ancêtre commun. Il est représenté comme un vieillard à la barbe blanche, parfois monté sur un buffle.

Le tao vise à épurer l’homme et à le conduire vers la juste voie et la vertu. L’une des doctrines principales de Lao Tseu est celle du non-agir qui doit inciter l’humain à ne pas dépenser d’énergie inutilement, et à se détacher des désirs encombrants. La pensée taoïste propose la méditation comme condition de l’ouverture au monde.